Téléconsultation : intégrer les consultations en ligne dans votre pratique libérale

Aujourd’hui, de plus en plus de patients expriment le besoin d’accéder à un soin médical rapide, pratique et adapté à leur situation, même à distance. En tant que médecin ou professionnel de santé libéral, vous vous demandez peut-être comment intégrer la téléconsultation à votre pratique sans perdre en qualité de suivi, de relation ou d’efficacité. Quels sont les outils à adopter ? Les règles à respecter ? Et surtout, comment faire de cette nouvelle forme de consultation un vrai plus pour vos patients comme pour votre organisation ?

Téléconsultation en cours entre une praticienne et sa patiente.

Pourquoi intégrer la téléconsultation aujourd’hui ?

Une pratique en plein essor, portée par les patients et les usages

En France, la téléconsultation est aujourd’hui bien plus qu’un simple service digital : elle représente un tournant majeur dans l’organisation territoriale des soins et le parcours de santé. Depuis le 15 septembre 2018, les actes médicaux à distance sont encadrés par la convention médicale et reconnus comme actes de télémédecine remboursés par la caisse d’assurance maladie, avec un paiement à l’acte soumis aux règles définies dans le code de la santé publique (source : ameli.fr). Résultat : plus de 18 millions de consultations médicales en ligne ont été réalisées en 2020 pendant la pandémie Covid-19 (voir le rapport de la cours des comptes).

Pour les patients, la téléconsultation sécurisée permet un accès facilité aux soins, sans transport, depuis leur lieu de résidence, tout en respectant leur état de santé et leur parcours coordonné. Elle donne aussi la possibilité de voir rapidement un professionnel de santé en cas de besoin, et de recevoir les bonnes informations médicales à distance. Elle est particulièrement utile en cas de maladie chronique, d’affection longue durée, ou en zone sous-dotée.

Pour les médecins généralistes, spécialistes, infirmiers, sage-femmes ou pharmaciens, elle offre un moyen de maintenir un lien médical, tout en améliorant la continuité des soins et la prise en charge à distance.

De vrais bénéfices pour les professionnels de santé libéraux

Adopter la téléconsultation, c’est d’abord répondre à un besoin réel de vos patients. Mais c’est aussi repenser votre activité pour la rendre plus fluide, modulable et efficace. Vous gagnez en souplesse dans la gestion des plannings, vous réduisez certains temps non médicaux (accueil, salle d’attente, déplacements), et vous élargissez votre patientèle à un bassin de population plus large, y compris sur d'autres territoires.

Les actes de téléconsultation sont rémunérés au même tarif qu'une consultation en présentiel lorsqu’ils respectent le parcours de soins coordonné et les conditions de prise en charge définies par l’Assurance Maladie. Ils ouvrent droit au tiers payant, au remboursement par la sécurité sociale et aux prises en charge par la complémentaire santé, dans les mêmes conditions que les consultations classiques.

La téléconsultation ne remplace pas tout… et c’est essentiel de le comprendre

Attention cependant : la téléconsultation n’est pas adaptée à tous les cas. Elle ne remplace ni l’examen clinique, ni le geste technique, ni le contact humain indispensable à certains types de soins médicaux. Elle vient en complément d’une consultation médicale en présentiel, notamment pour le suivi régulier, le renouvellement d’ordonnance, la prévention ou les affections chroniques stabilisées.

Autrement dit, c’est un levier utile, mais qui s’intègre dans un parcours de soins cohérent et centré sur le patient. Elle doit toujours respecter les règles déontologiques, le consentement du patient et garantir la confidentialité des données de santé.

Est-ce adapté à votre pratique ? Faites le point en 30 secondes

Voici 5 questions simples pour savoir si la téléconsultation peut s’intégrer naturellement à votre activité :

  • Vos patients sont-ils à l’aise avec le numérique ?
  • Avez-vous une connexion stable et un espace confidentiel dédié ?
  • Vos actes incluent-ils du suivi, de l’éducation, de la prévention ou des pathologies chroniques ?
  • Avez-vous besoin de réduire les annulations ou d’optimiser votre emploi du temps ?
  • Êtes-vous prêt à revoir légèrement votre organisation pour gagner en agilité ?

Si vous avez répondu oui à au moins 3 questions, alors la téléconsultation a toute sa place dans votre pratique libérale.

Téléconsultation : pour qui, quand, et dans quelles conditions ?

Qui peut proposer une téléconsultation en France ?

Depuis le déploiement de la télémédecine, plusieurs catégories de professionnels inscrits à l’Ordre des médecins peuvent proposer une téléconsultation :

  • Médecins généralistes ou spécialistes
  • Infirmiers diplômés d’État (IDE) dans le cadre du télésoin
  • Psychologues, orthophonistes, kinésithérapeutes ou diététiciens, également dans le cadre du télésoin
  • Sages-femmes et pharmaciens, sous conditions spécifiques

Chaque professionnel doit disposer d’un numéro RPPS, être conventionné et disposer d’un logiciel ou outil agréé permettant une transmission sécurisée des informations. Le professionnel est également responsable de la bonne mise en œuvre de la vidéotransmission, sauf en cas d’exception justifiée.

Quelles sont les règles à connaître en 2025 ?

La téléconsultation est une consultation qui doit répondre à des critères précis, fixés par la réglementation. Elle doit :

  • Être réalisée par un professionnel inscrit, connu du téléconsultant ou en lien avec le médecin traitant, sauf accès direct autorisé (ex. gynécologue, psychiatre, chirurgien-dentiste)
  • Être planifiée dans un espace dédié, garantissant la confidentialité des documents échangés et la sécurité de l’environnement numérique
  • Donner lieu à un compte rendu, versé au dossier du bénéficiaire ou transmis au partenaire correspondant, selon les cas.

En 2025, la caisse continue de soutenir le recours à la téléconsultation dans le cadre d’une organisation territoriale coordonnée, comme les maisons de santé pluriprofessionnelles ou les établissements de santé partenaires.

Quels types de soins peuvent faire l’objet d’une téléconsultation ?

La téléconsultation s’applique principalement :

  • Aux actes de conseil, de prévention, ou de régulation
  • Aux situations de renouvellement d’un traitement connu ou de suivi ponctuel
  • Aux échanges avec le médecin correspondant, en complément du suivi habituel
  • À certaines situations professionnelles (ex. salariés en entreprise, avec attestation transmise)

Elle ne concerne pas les interventions techniques, ni les actes relevant d’une urgence vitale. En cas d’accès direct, une attention particulière doit être portée à la transmission des informations utiles pour que l’acte soit fonctionnel, pertinent et correctement documenté.

Confidentialité, transmission et protection des données : ce qu’il faut savoir

Tout acte à distance implique une vigilance accrue sur la confidentialité. Le professionnel doit :

  • Informer le bénéficiaire de ses droits, du mode de transmission utilisé, et des finalités du traitement
  • Garantir que le logiciel ou la plateforme respecte les exigences en matière de RGPD, de cybersécurité et d’hébergement agréé HDS
  • Assurer un accès au compte rendu et la traçabilité du document de téléconsultation dans le dossier du bénéficiaire

Enfin, il est fortement conseillé d’utiliser un système intégré à l’espace de coordination du territoire concerné, notamment si vous êtes rattaché à une structure de soins coordonnée ou à un centre partenaire.

Comment mettre en place la téléconsultation dans son cabinet ?

1. Préparer le bon environnement : simple, mais indispensable

Avant tout, il faut créer un espace dédié. Pas besoin d’un studio, mais d’un endroit calme, éclairé, confidentiel.

Voici l’essentiel à prévoir :

  • Ordinateur ou tablette avec webcam (ou smartphone si logiciel compatible)
  • Connexion internet stable (fibre ou ADSL recommandé)
  • Micro et casque pour éviter les coupures
  • Un fond neutre, sans éléments personnels ou distractifs
  • Une pièce fermée, sans passage ni bruit extérieur

Ce cadre est obligatoire pour tout médecin téléconsultant, que ce soit depuis son cabinet en ville ou une maison de santé pluriprofessionnelle.

Si vous débutez ou que vous envisagez de vous installer prochainement, notre guide d’installation pour les médecins libéraux vous accompagne étape par étape, de l’équipement à l’organisation administrative.

2. Choisir une plateforme fiable et compatible

Le choix du logiciel conditionne la réussite de l’installation.​

Voici les critères essentiels à vérifier :

CritèreCe qu’il faut vérifier
Hébergement HDSDonnées stockées sur un serveur agréé par l’État
Intégration dossier médicalPossibilité d’ajouter une note ou un PDF dans le suivi
Facturation intégréeGénération automatique de la feuille de soins, télétransmission
Agenda et rappelsSynchronisation possible avec votre planning, alertes par SMS ou e-mail
Accès simplifié pour l’usagerLien unique, sans création de compte, connexion par téléphone possible

Quelques exemples connus : Doctolib, Livi, Medaviz, Qare, Maiia, Hellocare. Pour aller plus loin, découvrez notre guide complet pour bien choisir votre logiciel de gestion de cabinet médical.

3. Comprendre la facturation et le remboursement

Chaque consultation vidéo peut donner lieu à un acte médical codifié, facturable selon la base habituelle du tarif de secteur. En 2025, le taux de remboursement dépend du respect du parcours et du profil du bénéficiaire.

Quelques points à noter :

  • Le code postal du bénéficiaire peut influer sur certaines exceptions
  • Un paiement direct est possible, avec feuille de soins transmise à la caisse
  • Les consultations en téléexpertise ou télésurveillance médicale ont leur propre codification

Les tarifs sont actualisés régulièrement. Pour connaître les évolutions récentes, consultez notre récapitulatif des nouveaux prix des consultations en vigueur depuis décembre 2024.

4. Organiser son agenda et la relation avec l’usager

Une consultation à distance ne s’improvise pas. La clé est dans la préparation et la communication en amont. Voici un fonctionnement recommandé :

  • Créneaux dédiés à la consultation vidéo dans l’agenda
  • Confirmation par SMS ou e-mail avec l’heure, la marche à suivre et un lien de connexion
  • Possibilité de joindre un document avant ou après (ex. ordonnance, justificatif, note de suivi)
  • Message d’annulation ou de report automatique si le lien n’est pas utilisé

💡 Astuce : certaines plateformes permettent de créer des modèles de messages pour automatiser les rappels.

Bonnes pratiques pour réussir ses téléconsultations

Préparez vos rendez-vous comme en cabinet

Une consultation médicale en ligne ne s’improvise pas. Elle repose sur les mêmes exigences que tout autre acte inscrit dans le système de santé.

Avant chaque séance :

  • Revoyez le dossier et les antécédents du bénéficiaire
  • Vérifiez le matériel : son, caméra, mise à jour du logiciel
  • Anticipez les documents nécessaires : ordonnance à rédiger, compte-rendu, etc.
  • Choisissez un créneau calme dans votre planning pour rester concentré

🗒️ Principe simple : si vous ne pouvez pas mener la consultation avec les mêmes conditions qu’en cabinet, mieux vaut la reporter.

Évitez les erreurs techniques et humaines courantes

Quelques réflexes simples à adopter :

  • Tester la connexion internet avant la journée de rendez-vous
  • Prévoir une solution de repli par téléphone, si nécessaire
  • Vérifier que le bénéficiaire a bien accès au lien, au bon moment
  • Demander en début d’échange : “Êtes-vous seul(e) et dans un endroit calme ?”

✔️ Cela permet de préserver la confidentialité, notamment dans le cadre d’un suivi lié à une affection de longue durée ou dans une situation d’invalidité.

Liste des erreurs fréquentes à éviter

Voici les 5 erreurs les plus fréquentes que vous pouvez anticiper :

❌ Erreur✅ Alternative recommandée
Oublier d’envoyer la convocationUtiliser un agenda avec rappels automatiques (SMS ou mail)
Parler trop vite ou trop basS’assurer que le son est clair, faire des pauses
Ne pas préparer la fin d’échangeRésumer, expliquer la suite et annoncer l’envoi de l’ordonnance ou document
Négliger le cadre vidéoFond neutre, bonne lumière, pas de bruit de fond
Couper sans clôture claireClôturer avec une phrase type : “Merci, je reste disponible si besoin.”

Bon à savoir : un médecin généraliste ou spécialiste peut intégrer ces bonnes pratiques dans son fonctionnement quotidien, que la consultation médicale en ligne ait lieu depuis son cabinet ou un établissement de santé. Ces ajustements améliorent nettement la qualité de l’expérience, tant pour vous que pour la personne que vous allez consulter.

La téléconsultation n’est pas l’avenir de la médecine : elle en fait déjà pleinement partie. Simple à mettre en place, elle peut transformer votre manière de consulter et d’organiser votre travail, tout en améliorant l’accès aux soins. Envie de vous lancer ou de faire évoluer votre activité ? Sur OùSoigner, vous pouvez trouver ou publier des annonces, mais aussi bénéficier d’un accompagnement sur mesure pour intégrer la téléconsultation à votre quotidien.