CPTS : pourquoi ces collectifs changent la donne pour les professionnels de santé
La médecine de proximité traverse une zone de turbulences : pyramide des âges défavorable, désertification, parcours de soins éclatés, attentes sociétales plus fortes et, en toile de fond, une charge administrative exponentielle. Face à ces bouleversements, beaucoup de soignants se sentent seuls. Les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) offrent une réponse simple en créant un collectif local où l’on se serre les coudes, où l’on mutualise les idées, et où l’on remet le patient au centre.
Dans cet article nous vous donnons la définition d’une CPTS, nous vous expliquons leur fonctionnement, leurs missions et les bénéfices concrets pour les soignants et leurs patients.
Les CPTS : une organisation née du terrain
D’où viennent les CPTS ?
Les CPTS émergent du plan « Ma Santé 2022 ». Mais l’idée ne vient pas des couloirs ministériels ; elle a germé dans les cabinets médicaux. Généralistes, infirmiers, pharmaciens constatent la même chose : sans coordination, les meilleurs actes techniques ne suffisent plus. Faute de fil rouge, le patient navigue souvent en solitaire entre ville et hôpital. Les soignants ont alors réclamé un cadre structuré et financé capable d’orchestrer ce parcours.
Une structure souple et ouverte
Une Communauté Professionnelle Territoriale de Santé est le plus souvent une association loi 1901. Le territoire correspond à un bassin de vie cohérent et il existe 4 catégories de tailles de CPTS : de 40 000 à 175 000 habitants.
On y retrouve des médecins, infirmiers, sages‑femmes, des pharmaciens, kinés, dentistes, orthophonistes ; des établissements de santé ; des acteurs médico‑sociaux et, de plus en plus, des représentants d’usagers.
Pour se constituer, le collectif doit déposer un projet de santé et une charte de gouvernance auprès de l’ARS. Une fois validé, il signe un Accord Conventionnel Interprofessionnel (ACI) avec l’Assurance Maladie : c’est le ticket d’entrée pour un financement pérenne.
Ce que n’est pas une CPTS :
- une Maison de santé pluriprofessionnelle,
- un centre de santé : aucun employeur unique,
- une structure hiérarchique : chaque membre reste indépendant. Le cœur, c’est la coordination, nourrie par des réunions régulières, des outils communs et des actions de terrain.
Que fait une CPTS concrètement ?
Les 4 missions socles
- Accès au médecin traitant : Les CPTS jouent un rôle central dans l’orientation des patients sans médecin référent. En lien avec l’Assurance Maladie et les acteurs de santé locaux, elles recensent les patients « orphelins » et évaluent la nécessité d’un suivi prioritaire. Grâce à une dynamique collective, les professionnels de santé volontaires peuvent proposer des créneaux pour accueillir de nouveaux patients. Concrètement, toute personne en recherche d’un médecin traitant peut s’appuyer sur la CPTS de son secteur pour être accompagnée dans ses démarches.
- Soins non programmés : En s’appuyant sur un réseau de professionnels de santé libéraux, de structures pluridisciplinaires et les Services d’Accès aux Soins (SAS), la CPTS coordonne la mise à disposition de créneaux de consultation en moins de 48 h. Cette approche permet de désengorger les urgences hospitalières tout en assurant une réponse adaptée et de proximité pour les habitants du territoire.
- Prévention et promotion de la santé : campagnes de dépistage (cancers, diabète), ateliers d’éducation thérapeutique, vaccination antigrippale collective, programmes scolaires sur l’hygiène de vie.
- Réponse aux crises sanitaires : plans canicule, gestion locale de la pandémie Covid‑19, cellules de veille pour les épidémies saisonnières.
Les missions complémentaires
Lorsque la CPTS gagne en maturité, elle peut élargir son périmètre :
- Qualité et pertinence des soins : audit de pratiques, réunions de concertation pluriprofessionnelle (RCP) : les soignants se réunissent pour discuter de cas complexes, croiser leurs expertises et proposer une prise en charge plus cohérente. Les CPTS peuvent aussi faire des évaluations de parcours de soins en retraçant tout le chemin d’un patient (du diagnostic à la fin du traitement) pour identifier les ruptures de prise en charge ou les points d’amélioration.
- Accompagnement des pairs : tutorat d’internes, consultation entre collègues, formations croisées.
- Santé‑environnement : actions sur la qualité de l’air, ateliers pour les seniors…
Quels sont les avantages d’une CPTS pour les soignants ?
Pour les libéraux déjà installés
Travailler en libéral peut créer de l'isolement : la CPTS casse ce phénomène. Les réunions mensuelles d’échange de pratiques réduisent la charge mentale, permettent d’évoquer des cas difficiles ou encore de mutualiser du matériel (ECG, doppler).
Pour les soignants en installation ou en réflexion
Arriver sur un territoire doté d’une CPTS, c’est l’assurance de bénéficier d’un accompagnement : listing des confrères, soutien administratif, opportunités de locaux, accompagnement à création de la patientèle... Résultat : une installation plus facile, moins d’aléas, démarrage plus rapide, meilleur remplissage d’agenda.
Pour les jeunes diplômés
Comme évoqué plus haut, les CPTS offrent un cadre de tutorat. Un généraliste expérimenté peut par exemple parrainer un interne qui s’installe.
Reconnaissance et financement
Grâce à l’ACI dont nous avons déjà parlé, une CPTS peut percevoir jusqu’à 90 000€ au démarrage, selon la taille de la communauté professionnelle. Puis annuellement, elle peut recevoir jusqu’a 487 500€, toujours selon la taille de la communauté, mais aussi selon les missions que la CPTS choisit de mettre en place.
Bon à savoir : pour chaque mission l’enveloppe de financement est composée d’une part fixe, versée dès le début de la mission et d’une part variable calculée selon les objectifs fixés dans l’ACI.
Les bénéfices des CPTS pour les patients
- Meilleure prise en charge : avec un numéro unique ou une plateforme dédiée, le patient sait où s’adresser pour obtenir un rendez-vous rapide en ville et éviter d’aller aux urgences. Par exemple, selon le rapport du Tour de France des CPTS (2023), dans le département de l’Indre, l’organisation conjointe entre les CPTS locales et le SAS (Service d’Accès aux Soins) ambulatoire a permis d’éviter plus de 2 600 passages aux urgences en 2022, soit une baisse estimée autour de 15 %
- Meilleure gestion des maladies chroniques : les parcours sont clarifiés, les examens coordonnés, les rappels automatisés (via SMS ou appels infirmiers).
- Prévention ciblée : Les CPTS adaptent les campagnes de préventions mises en places aux bassins de vie dans lesquelles elles se situent.
Où en est‑on aujourd’hui ?
Chiffres nationaux
- 835 CPTS recensées sur tout le territoire ;
- 567 signataires d’un ACI ;
- 138 en phase de construction ;
- 39 en phase de négociation
Source : Fédération Nationale des CPTS
Comment rejoindre une CPTS ?
Un choix volontaire, jamais contraint
Aucune loi n’oblige un soignant à être membre de la CPTS de son territoire. L’adhésion repose sur le bénéfice mutuel : « Je donne un peu de temps, je reçois du soutien et je participe à l’amélioration de la santé locale ».
Mode d’emploi en trois étapes
- Identifier une CPTS via par exemple cette cartographie
- Contacter le coordinateur – il vous propose souvent une rencontre ou une participation libre à la prochaine réunion plénière.
- Définir son niveau d’implication – simple inscription à la mailing‑list, participation à une mission socle, ou pilotage d’un projet.
Bon à savoir
- Les statuts prévoient des collèges (médecins, paramédicaux, pharmaciens, établissements). Chaque collège élit ses représentants.
- La cotisation est souvent symbolique grâce aux financements publics.
- Un soignant peut quitter librement la CPTS s’il change de territoire.
Pourquoi OùSoigner valorise les CPTS sur ses annonces
Sur OùSoigner.fr, on ajoute automatiquement une information sur chaque annonce publiée : est-ce qu’il existe une CPTS en fonctionnement sur ce territoire ?
C’est un élément essentiel, car pour beaucoup de soignants, savoir qu’un collectif structuré est déjà en place, avec des actions de coordination, des réunions régulières et des projets concrets, c’est un critère important dans le choix de leur futur lieu d’exercice.
Cela leur permet de mieux se projeter : ils savent qu’ils ne seront pas seuls, qu’ils pourront échanger, s’impliquer dans des dynamiques locales, voire être accompagnés à leur arrivée. On le constate tous les jours : la mention d’une CPTS dans une annonce attire davantage de contacts.
Les CPTS ne sont donc pas un énième outil bureaucratique, mais elles incarnent une vraie solution pour des soignants qui souhaitent travailler plus efficacement, en collectif, mais sans perdre leur indépendance.
Pour les territoires, les CPTS sont un réel un atout d’attractivité qu’OùSoigner s’emploie à mettre en avant. C’est un argument qui peut être décisif pour convaincre un futur généraliste ou un kiné de poser sa plaque.
En résumé : que vous soyez installé, en recherche ou tout juste diplômé, la question n’est pas “Pourquoi rejoindre une CPTS ?” mais “Laquelle et comment ?”.
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