Médecins : quel sera le prix des consultations à partir de décembre ?

Après plusieurs mois de négociations ardues et laborieuses, la nouvelle version de l'accord régissant les relations entre l'Assurance-maladie et les médecins libéraux a été adoptée mardi 4 juin, avec l'approbation des principales organisations syndicales du secteur. Cette nouvelle convention médicale, valable pour cinq ans, devrait commencer à s'appliquer progressivement à partir de décembre. Elle inclut notamment des augmentations tarifaires pour de nombreux actes médicaux, chez les généralistes comme les spécialistes. En retour, les praticiens s'engagent à diminuer leurs prescriptions de médicaments, notamment d'antibiotiques. Le texte demande également aux professionnels de "ralentir la croissance du nombre de jours d'arrêts de travail de 2% par an", dans un contexte de forte augmentation des arrêts maladie et de leur coût pour le système de santé ces dernières années. Voici les principaux changements.

Un médecin en blouse blanche regarde face à lui les bras croisés.

La création d'une "consultation longue" pour les patients de plus de 80 ans

La nouvelle convention médicale introduit un nouveau type de consultation chez le médecin traitant : la "consultation longue", destinée aux patients de plus de 80 ans "afin de favoriser [leur] prise en charge", selon le texte voté. Elle sera mise en place à partir du 1er janvier 2026. Cette consultation longue sera possible une fois par an et dans des situations spécifiques : dans les 45 jours suivant une sortie d'hospitalisation, pour les patients "hyperpolymédiqués" (ceux qui "ont au moins dix lignes de traitement médicamenteux") dans le cadre d'un processus de déprescription, ou dans le cadre de la procédure pour obtenir l'allocation personnalisée d'autonomie (APA).

La hausse du prix des consultations chez plusieurs spécialistes

Chez les spécialistes, plusieurs augmentations progressives débuteront à partir de décembre avec une nouvelle hausse prévue en juillet 2025. Chez les psychiatres, le tarif atteindra même 75 euros pour les patients de moins de 25 ans. Le prix d'une consultation de référence chez un gynécologue médical, passera de 31,50 euros à 37 puis 40 euros. Pour les neurologues et les psychiatres, le tarif passera de 51,70 euros à 55 puis 57 euros. Pour les pédiatres, des augmentations vont également être appliquées pour les consultations obligatoires avec un tarif dépendant du type d'examen et de l'âge du patient. Chez un gériatre, le tarif passera à 32 euros en décembre, puis 42 euros en juillet. Les examens obligatoires donnant lieu à un certificat médical seront facturés 54 puis 60 euros. Enfin pour les dermatologues exerçant des actes visant à dépister le cancer du mélanome, la consultation passera à 54 euros en fin d'année, puis 60 euros en juillet 2025.

La consultation de base chez le médecin généraliste à 30 euros

Une mesure phare qui était au cœur des négociations : le prix de la consultation de base chez un médecin généraliste passera de 26,50 euros à 30 euros en fin d'année. C'est la deuxième augmentation de tarif en un peu plus d'un an pour cette consultation, qui était passée de 25 euros à 26,50 euros en 2023. Cette augmentation n'affectera pas directement les patients pris en charge par l'Assurance-maladie et bénéficiant d'une complémentaire santé. Le reste à charge se maintiendra à 2 euros, après avoir doublé en mai. « C’est une bouffée d’oxygène pour la profession mais ce n’est pas un choc d’attractivité » a réagi le Confédération des syndicats médicaux français (“CSMF”).

Les conditions de téléconsultation inchangées, sauf pour les psychiatres

La rémunération de l'acte de télé-expertise, réalisée par un spécialiste sur recommandation du médecin traitant, passera à 23 euros au 1er janvier 2026. Le volume d'activité global conventionné pour les téléconsultations reste plafonné à 20%, sauf pour les psychiatres, qui pourront aller jusqu'à 40%. Concernant les médecins généralistes, la consultation “en visio” restera au même tarif, à savoir 25 euros.

"Un projet de convention ambitieux pour répondre aux défis de notre système de santé" selon le DG de la CNAM

Au micro de France Info, mercredi 5 juin, Thomas Fatôme, le Directeur Général de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie s’est dit satisfait de cette accord malgré des négociations difficiles. Il s'agit d’"une convention riche et positive pour l’accès aux soins, pour la qualité des pratiques, des prescriptions et qui va nous permettre d’avancer pour transformer le système de santé et améliorer l’accès aux soins pour les patients". Interrogé sur le sujet polémique de la maîtrise des dépenses, le directeur de la CNAM y croit “si on a moins de prescriptions de biologie, de radiologie inutiles, si on a des transports qui sont plus adaptés, si on fait plus de transports partagés". Le nouveau texte prévoit également de "ralentir la croissance du nombre de jours d'arrêts de travail de 2% par an".

"Améliorer l’accès aux soins, dans les déserts médicaux notamment”

L’Assurance Maladie détaille sur son site les engagements des partenaires de la convention autour de 10 objectifs collectifs pour améliorer l’accès aux soins. Ils ont par ailleurs acté la création d’un observatoire national de l'accès aux soins.

  1. Stabiliser la part de patients ALD sans médecin traitant au seuil frictionnel de 2 % dès 2025.
  2. Augmenter le nombre de primo-installés en médecine générale de 5 % par an.
  3. Augmenter la patientèle médecin traitant moyenne du MG de 2 % par an.
  4. Augmenter la file active moyenne des médecins libéraux de 2 % par an.
  5. Raccourcir le délai moyen d’accès aux spécialistes – l’objectif chiffré sera fixé avant fin 2024 à l’issue d’un travail conjoint mené par l’Assurance Maladie et l’État et présenté aux partenaires conventionnels.
  6. Augmenter le nombre de contrats assistants médicaux pour atteindre 10 000 contrats en 2025 et + 10 % par an à compter de 2026.
  7. 100 % du territoire couvert par la PDSA et le SAS.
  8. Augmenter le nombre de médecins qui s’affilient à l’Optam de 5 % par an.
  9. Augmenter l’installation des médecins dans les zones sous-dotées de 7 % par an.
  10. Faire baisser de 2 % par an le non-recours aux soins des personnes en situation de handicap.

Consultez ici la présentation synthétique de la nouvelle convention médicale (PDF)

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